jeudi 24 avril 2008

Sarkozy prépare son intervention télévisée

Depuis mardi, l'Élysée a ouvert ses portes aux équipes télé. Un studio a été dressé au milieu de la salle des fêtes du palais présidentiel. Le réalisateur Renaud Le Van Kim a fait appel au décorateur Philippe Désert, déjà sollicité pour le débat de l'entre-deux-tours entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. «Dos au jardin de l'Élysée, le président prendra place à une table triangulaire en Plexiglas translucide placée sur une plate-forme lumineuse», raconte Philippe Désert. Le débat face à Ségolène Royal a en effet laissé un bon souvenir à l'ex-candidat Sarkozy. Du coup, le directeur de la photographie a également été enrôlé dans l'émission : « Nous avions apprécié sa façon de traiter les lumières, notamment les dalles lumineuses qui créaient une belle atmosphère autour des débatteurs», raconte Franck Louvrier, conseiller presse à l'Élysée. Renaud Le Van Kim, conseiller spécial auprès de TF1, est aussi le réalisateur du «Grand Journal» de Canal +. Il a surtout été associé de longue date aux grands shows de Nicolas Sarkozy, depuis le meeting d'intronisation à la tête de l'UMP, en novembre 2004, jusqu'au lancement de sa campagne à la porte de Versailles, le 14 janvier 2007, ou encore le meeting d'entre-deux-tours à Bercy. «Réa» des stars et spécialiste du direct, il s'est efforcé de dépoussiérer depuis longtemps la prise de vues dans les émissions politiques de «Sarko». « L'idée, c'est d'apporter de la fraîcheur en mettant en valeur le style rococo et baroque des lieux», indique Philippe Désert. Dans le fond, une quarantaine de téléspectateurs assisteront à l'émission : «Nous n'avons pas voulu de têtes connues, membres du gouvernement ou de son cabinet. Nous avons proposé aux personnels de l'Élysée d'y assister», explique Franck Louvrier. Le décor est planté. Mais il reste encore le mystère d'une prestation réussie. Connu pour son aisance cathodique, le «téléprésident», suscite parfois l'espoir chez ces proches qu'il puisse, par sa seule virtuosité pendant 90 minutes, changer un climat et renverser une tendance négative de l'opinion.

préparation du plateau télé

Il est vrai que Nicolas Sarkozy n'aime rien tant que de se livrer dans l'adversité à un «grand soir télévisé». Il sait cette fois-ci qu'il doit «rétablir un lien qui s'est brouillé avec l'opinion depuis sa dernière intervention, en novembre», reconnaît-on à l'Élysée. Son meilleur souvenir personnel : en 2003, le face-à-face avec Alain Duhamel lors de l'émission «100 Minutes pour convaincre» animée par Olivier Mazerolle, où il avait avoué sans détour qu'il pensait à la présidentielle, «pas seulement le matin en (se) rasant». «Sarko a fait trois très bonnes émissions, à chaque fois quand il était en situation délicate dans l'opinion. Deux fois avec Mazerolle, en 2002 et 2003, et une fois avec Arlette Chabot, en novembre 2005, pendant les émeutes dans les banlieues», raconte l'un de ses amis. À chaque fois, Nicolas Sarkozy s'était mis en situation de «challenger». Pour obtenir le résultat escompté, l'Élysée a souhaité changer la formule retenue depuis son entrée à l'Élysée. «Il est assez normal que l'on essaye différents formats au fil du quinquennat, et les chaînes savaient que nous voulions essayer une autre formule, il n'est pas étonnant qu'elles nous aient fait une nouvelle proposition», justifie Franck Louvrier. Nicolas Sarkozy est un fan de «L'heure de vérité», le magazine dominical présenté par François-Henri de Virieu dans les années 1980. L'Élysée a donc vite accepté la proposition conjointe de TF1 et France 2, baptisée pour l'occasion «En direct de l'Élysée». Franck Louvrier raconte qu'il a reçu sur son bureau le dossier des deux chaînes et que «l'Élysée a été séduit par cette nouvelle formule». Une formule qui correspond à une volonté de retrouver pour le chef de l'État «un cadre», où il puisse «s'expliquer en profondeur» face aux journalistes, plutôt que «dérouler» son propos, reconnaît l'Élysée.

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